Le projet d’agrandissement du Palais de justice de Rimouski s’inscrit dans une démarche architecturale où le geste contemporain vient dialoguer avec la mémoire bâtie. Situé au cœur du centre-ville, le Palais s’impose comme un repère institutionnel, en proximité directe avec les pôles civiques de Rimouski. L’agrandissement vise à tisser de nouveaux liens entre les secteurs urbains, notamment par l’aménagement d’une place publique extérieure, en continuité avec la nouvelle entrée principale. Celle-ci prend place dans l’ancienne enceinte de détention, transformant un lieu autrefois clos en seuil ouvert sur la cité.
Cette entrée, marquée par l’architecture robuste de l’aile de détention historique, s’ouvre sur un stationnement arrière et une place publique, tandis que l’entrée sud existante est conservée et bonifiée par une strate végétale qui adoucit le parcours. Les deux accès principaux, alignés selon un axe est-ouest, offrent une lecture claire des flux publics. En contrepoint, les accès privés destinés aux juges et aux services de détention sont discrètement positionnés en retrait, assurant la sécurité et la confidentialité des déplacements. L’avenue de la Cathédrale, en pente vers le fleuve, devient l’épine dorsale de l’organisation des accès : l’entrée publique s’installe en haut de la pente, tandis que les accès sécurisés se logent en contrebas, évitant toute interférence entre les usagers.
Le concept architectural privilégie la création de lieux lumineux et accessibles, où la lumière naturelle devient matière de projet. Devant la prison historique et la nouvelle entrée ouest, un espace extérieur est aménagé, offrant un moment de pause et de respiration urbaine. L’ancienne aile de détention est mise en valeur par ses éléments architecturaux distinctifs — façades en granit, ouvertures rythmées, toiture métallique — qui témoignent de son histoire. L’agrandissement, quant à lui, adopte une écriture résolument contemporaine, refusant l’imitation pour mieux affirmer une complémentarité respectueuse. L’espace libéré autour de la prison permet d’en exalter la volumétrie et d’y intégrer des zones d’attente ainsi qu’une salle des pas-perdus, conçue comme un lieu de transition entre l’intime et le solennel.
La configuration du site impose une empreinte au sol minimale, concentrée au sud et au nord-ouest, afin de maximiser la mise en valeur des éléments patrimoniaux. Les matériaux choisis — verre sérigraphié et zinc — contrastent avec le granit du bâtiment existant, soulignant la tension entre ancien et nouveau. La sérigraphie du verre s’inspire du langage vertical du Palais Mainguy, créant une résonance graphique entre les époques. Dans ce jeu de masses et de transparences, le projet trouve son équilibre entre la densité du passé et la légèreté du présent, entre la mémoire institutionnelle et l’ouverture vers l’avenir.